L’IA au service de la réussite étudiante : une alliance entre technologie et accompagnement humain

L’IA est partout, et le monde de l’éducation n’y échappe pas. Mais au-delà des fantasmes sur des robots remplaçant les professeurs, il y a une réalité bien plus nuancée, où la technologie devient un outil au service de l’humain. Dans notre troisième épisode de balado, on a eu la chance d’échanger avec Louis Dugal, conseiller à la réussite au Cégep de Rosemont, qui nous a partagé son expérience avec deux projets novateurs : DALIA, une IA qui détecte les risques d’échec scolaire, et Marathon, une initiative où le personnel du Cégep jouent un rôle clé dans l’accompagnement des étudiants. 

Une technologie au service des professionnels 

DALIA est un outil intégré à Omnivox, le système de gestion utilisé par plusieurs cégeps québécois. Concrètement, cette IA analyse les données des étudiants (notes, absences, parcours scolaire) pour générer des pronostics sur leurs chances de réussite ou de décrochage. Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, DALIA n’est pas là pour remplacer les enseignants ou les conseillers pédagogiques. Comme l’explique Louis Dugal : « DALIA ne prend jamais la place d’un humain. Elle donne des indicateurs, mais c’est toujours aux professionnels d’interpréter et d’agir. » 

Une réflexion éthique avant tout 

L’implantation de DALIA a nécessité une réflexion éthique approfondie. Un enjeu majeur identifié par le Cégep de Rosemont était l’effet Pygmalion : ce phénomène où les attentes (positives ou négatives) envers un étudiant influencent ses performances. Pour éviter que DALIA stigmatise ou démobilise certains étudiants, ses résultats ne sont accessibles qu’à des intervenants spécifiques comme les aides pédagogiques individuelles (API). Les enseignants, eux, n’ont pas accès aux données brutes, une décision qui s’appuie sur des principes éthiques solides. 

Cette approche rejoint les recommandations de l’UNESCO dans son rapport sur l’utilisation responsable de l’IA en éducation (2024), qui insiste sur la nécessité d’intégrer des “tampons humains” entre les prédictions algorithmiques et les décisions pédagogiques. 

Marathon : quand l’humain reprend le flambeau 

Face aux limites de DALIA en matière de prévention directe (les étudiants étaient peu réceptifs aux interventions basées uniquement sur des données algorithmiques), le Cégep de Rosemont a lancé Marathon. Inspiré du projet Vigie du Cégep de Saint-Hyacinthe, Marathon repose sur une idée simple mais puissante : mobiliser les enseignants pour encourager leurs étudiants à demander du soutien lorsqu’ils en ont besoin. 

Louis Dugal nous explique : 

« Les profs sont les personnes avec qui les étudiants ont la relation la plus forte au cégep. Quand un prof leur dit “Tu devrais aller chercher de l’aide”, ça a beaucoup plus d’impact qu’un courriel administratif impersonnel.” 

Des résultats impressionnants 

Les données parlent d’elles-mêmes : depuis la mise en œuvre de Marathon, le taux d’engagement des étudiants dans les services de soutien a bondi, tandis que les abandons ont diminué. Ces résultats confirment ce que plusieurs études en pédagogie relationnelle avaient déjà montré : l’accompagnement humain reste irremplaçable pour motiver les apprenants. 

Vous désirez en savoir plus ?

Écoutez l’épisode #3 de notre balado sur le sujet ! Louis Dugal y partage des anecdotes très intéressantes sur la mise en œuvre de DALIA et Marathon, mais aussi sur les défis rencontrés en cours de route.  

Vous découvrirez notamment : 

  • Comment le Cégep a impliqué ses étudiants dans une réflexion éthique sur l’utilisation de l’IA (oui, ça s’est passé dans leurs cours de philosophie !). 
  • Les ajustements nécessaires pour faire fonctionner DALIA et Marathon ensemble — sans tomber dans le piège d’une automatisation excessive. 
  • Des pistes concrètes pour intégrer l’IA dans vos propres pratiques éducatives ou professionnelles tout en préservant la dimension humaine. 

Et si vous êtes passionné par les questions éthiques liées à l’IA en éducation, on explore aussi comment cette technologie peut être utilisée pour mesurer la progression des cohortes ou optimiser l’intervention précoce, tout en évitant les biais algorithmiques bien connus. 

Conclusion : une technologie au service du lien humain 

Ce qu’on retient du témoignage de Louis Dugal, c’est que l’IA peut être un outil puissant pour améliorer la réussite étudiante — mais seulement si elle reste au service du lien humain et non l’inverse. DALIA et Marathon montrent qu’il est possible d’allier innovation technologique et accompagnement personnalisé pour créer un environnement éducatif plus inclusif et efficace. 

Alors si vous voulez découvrir tous les détails de cette initiative inspirante et entendre Louis Dugal partager son expérience avec passion, rendez-vous sur notre balado ! Vous y trouverez des réflexions qui pourraient transformer votre vision du rôle de l’IA dans l’éducation. 

 


Lectures complémentaires : 

Cook et al., 2024 – Relational Pedagogy in the Age of AI: Une étude sur l’importance des relations humaines dans un contexte technologique avancé. 

MIT Education Lab 2024 – Dynamic Cohort Benchmarking: Comment utiliser l’IA pour comparer et analyser les performances des cohortes étudiantes en temps réel.  

Rapport UNESCO 2024 – AI Ethics Framework for Education: Une analyse approfondie des enjeux éthiques liés à l’utilisation de l’IA dans le milieu scolaire.